Dans les temps anciens, un Roi, tout aussi ancien que les temps, se morfondait dans son palais. Il avait foutu la pilée à tous les nobliaux du coin et se trouvait avec une tetra-chiée de domaines à gérer, ce qui le gavait au plus haut point.
Dong * Espace culturel * Dong
La « chiée » est une unité de mesure traditionnellement traditionnelle.
Si on part du fait que « onze fait chier »,
Une chiée plus une donne douze
Et une tétra-chiée donne quatre fois onze, soit quarante quatre.
Dong * fin de l’espace culturel * Dong
Dong, ce grand roi sur son trône avait, l’heureux homme, toute une ribambelle de filles qui égayaient le palais de leurs cris joyeux « j’veux une nouvelle robe, bou ou ou » (Toute similitude avec un cas ayant existé ne serait qu’un hasard impensable, à probabilité quasi-nulle)
Constatant que nourrir dans ses geôles les nobliaux qu’il avait marravé lui coûtait la peau, que gérer les domaines de ces rigolos le gavait et que d’autre part, supporter sa tripotée de filles le broutait, ou plutôt, lui apportait des joies d’un autre âge, (il avait en effet l’âge d’être grand’père, mais faut pas l’dire, il passerait pour un vieux con et quand le vieux con a le pouvoir de vous faire empaler, mieux vaut ne rien dire).
Reprenons l’histoire : Constatant donc qu’une bande de glandus bouffait gratos au fond des culs de basse-fosse de son château et qu’il était temps de songer à établir ces demoiselles, sans compter qu’il aurait aimé pouvoir sous-traiter les négociations avec le syndicat des chamioneurs qui pestait contre l’odeur des chameaux, celui des paysans qui réclamait des années sans grêle, celui de marchands qui réclamaient une réduction de la taxe chamelière, celui de hobereaux de chacun des pays conquis qui demandaient la lune, sans compter les autres casseurs de burnes professionnels, il eut soudain une idée de génie.
Si j’marida la grande avec l’un des châtelains actuellement logés dans le sous-sol, j’pourrais le remettre sur son trône comme vassal, et la grande le fera filer doux.
Mais comme il sera en quelque sorte mon gendre, il faudrait pas qu’il soit trop con, quand même.
Il faudrait mettre un peu de logique brute dans ce monde de douceurs …
Alors il planqua la grande et son tigre dans le petit pavillon du fond du jardin, celui de la petite cour de derrière qui n’a que deux pièces, puis fit venir le premier prince et lui dit :
Dans une de ces pièces est enfermé un tigre ou une princesse,
et dans l’autre c’est pareil.
Choisis une porte, camarade, ton destin est à l’intérieur.
Qu’est ce que je deviens s’il y a un tigre derrière la porte ? demanda le prisonnier.
Vous faites ce que vous voulez tous les deux, c’est votre vie privée, mais tous ceux qui ont essayé avant toi ont été transformés en steak haché en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire.
Et que se passe-t-il s’il y a une princesse derrière la porte ? demanda le prince
Alors là nixt rigolade, bague au doigt d’abord et ton fief ensuite, on ne badine pas avec un pucelage.
Mouais, mouais dit le prince, et s’il y a deux tigres ?
Je pense que la présentation du premier te suffira, mais c’est comme tu le sens …
Mouais, dit le prince , pas terrible ….
Et s’il y a deux princesses ?
Ben et tu te fais mormon et tu marrida les deux, fait pas chier quoi …
Mais comment choisir ? dit le prince
Et le vieux Roi, bonasse comme dans les vieux contes, l’emmena devant les portes et lui montra les panneaux qui y étaient accrochés.
Sur la porte de gauche, on pouvait lire :
Il y a une princesse dans cette cellule et un tigre dans l’autre
Et sur la porte de droite :
Il y a une princesse dans une cellule et il y a un tigre dans une cellule.
Mouais, mouais, mouais, dit le prince,
Peut-on faire confiance à ce qui est écrit ? montrant par cette question qu’il avait déjà un certain sens politique.
L’une des affiches dit vrai, l’autre dit faux, répondit le Roi.
Et toi, lecteur, comment aiderais-tu le prince, en supposant que les goûts du prince lui fassent préférer la princesse au tigre ?
Sujet: Un peu de logique brute dans un monde de douceurs 
